Cartographie des nuages (Cloud Atlas) - David Mitchell
Quatrième de couverture :
Adam Ewing est un homme de loi américain, embarqué à bord d'une goélette partie de Nouvelle-Zélande et faisant route vers San Francisco, sa ville natale. Il n'a rien à voir avec Robert Frobisher, lequel, un siècle plus tard, se met au service d'un compositeur génial pour échapper à ses créanciers. Ni l'un ni l'autre ne peuvent connaître Luisa Rey, une journaliste d'investigation sur la piste d'un complot nucléaire, dans la Californie des années 70. Ou Sonmi~451, un clone condamné à mort par un État situé dans le futur. Pourtant, si l'espace et le temps les séparent, tous ces êtres participent d'un destin commun, dont la signification se révèle peu à peu. Chaque vie est l'écho d'une autre et revient sans cesse, telle une phrase musicale qui se répéterait au fil d'innombrables variations.
Mon avis :
1850 : le jeune notaire Adam Ewing parcourt les mers du sud et découvre les aborigènes.
1931 : le musicien Robert Frobisher se met au service du compositeur belge Vivian Ayrs.
1975 : La journaliste Luisa Rey enquête sur un rapport défavorable à la construction d'une centrale nucléaire.
De nos jours : En voulant fuir des gangsters, l'éditeur Timothy Cavendish tombe de Charybde en Scylla.
Futur proche : Dans son témoignage, la clone Sonmi-451 raconte comment son élévation a changé sa vision du monde.
Futur plus lointain : le destin de Zachry est bouleversé par sa rencontre avec la présciente Meronyme.
Six histoires apparemment sans rapports entre elles, mais dont on retrouve des échos dans chacune.
J'avais beaucoup aimé le film, et c'est avec curiosité que je me suis lancé dans le roman - un gros pavé de 700 pages. Première surprise, alors que le film raconte les six histoires simultanément, le roman est plus ordonné. On commence par lire la moitié des cinq premières histoires, puis la sixième en entier, pour finir ensuite chaque histoires, mais dans l'ordre inverse. Je n'étais pas très convaincu en lisant le sommaire. Pensez qu'entre le début et la fin de la première histoire, il y a 600 pages. Largement de quoi perdre le fil. Surtout que cette histoire se coupe en plein milieu d'une phrase !
Donc au moment où je commence à m'attacher à Adam Ewing, le roman me laisse en plan et je commence l'histoire de Robert Frobisher. J'étais un peu frustré, et j'ai presque eu envie de laisser tomber son histoire pour aller lire directement la fin de la première. Mais j'ai joué le jeu, curieux de voir où voulait en venir l'auteur.
Quand Robert Frobisher a trouvé le journal intime d'Adam Ewing, qu'il l'a lu comme moi, et que comme moi, il était frustré de ne pas en connaître la fin, j'ai trouvé ça excellent. C'est à ce moment que j'ai vraiment accroché au roman. Quelques pages plus loin, le compositeur Vivian Ayrs rêve d'un café étrange où il entend une musique qui l'est tout autant. Ayant vu le film, je comprend qu'il s'agit d'une vision du futur et là, j'ai été réellement captivé.
C'est toute la force du roman : Les six histoires sont totalement indépendantes les unes des autres. On pourrait extraire n'importe laquelle et on aurait une nouvelle avec un style propre et une intrigue cohérente qui se suffit à elle même. Mais chacune contient des références aux autres, comme des échos qui traversent les époques. Les références sont parfois assez subtiles. Par exemple, la première histoire commence là où se terminera la dernière ; le sextuor écrit par Frobisher a la même structure que le roman lui-même, etc.
Finalement, bien qu'ayant vu le film et connaissant la fin des histoires, cela ne m'a pas empêché d'apprécier le roman. Déjà parce qu'il y a de nombreuses choses qui changent entre les deux, dont pas mal de scènes qui ont été coupées à l'écran. Ensuite par ce que le jeu des renvois successifs entre les histoires m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Six belles histoires, bien racontées, qui n'en forment qu'une plus grande : j'ai aimé ce roman et je vous le recommande.